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Nouveau rapport du GIEC : agir coûtera moins cher que le Business as Usual

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Nouveau rapport du GIEC : agir coûtera moins cher que le Business as Usual

Cover GIEC 3

Après le rapport du Groupe de travail I (WGI) et le 2e sorti en février 2022, le 3e et dernier rapport est enfin sorti !

Après avoir présenté la compréhension physique du changement climatique, ses impacts et l’adaptation nécessaire, ce rapport fournit une évaluation mondiale et actualisée des progrès et des engagements en matière d’atténuation du changement climatique. Il explique l’évolution des efforts de réduction et d’atténuation des émissions, en évaluant l’impact des engagements nationaux en matière de climat par rapport aux objectifs d’émissions à long terme.

Ce 3e rapport fait un bilan des émissions passées et présentes, donne des perspectives d’émissions futures et des options de réduction des émissions par grands secteurs ou systèmes (énergie, transports, bâtiments, industrie, agriculture, usage des terres et alimentation, villes, etc.). Notez qu’il y a des nouveautés importantes dans le rapport complet, dont un chapitre entier sur les aspects sociaux de l’atténuation, qui explore le côté “demande”, c’est-à-dire ce qui motive la consommation et les émissions de gaz à effet de serre.

Baisser la consommation d’énergie, de viande, ou encore l’usage de la voiture individuelle ? Une première dont les politiques feraient bien de s’inspirer…

Avant-propos

Avant de lire la suite, il est indispensable que vous sachiez ce qu’est le GIEC, comment sont sélectionnés les auteurs qui rédigent le rapport, quel est le processus de sélection des articles scientifiques, qui le finance, etc. Si vous le savez, tant mieux, sinon, lisez cet article synthétique. Je vous encourage vivement à lire le résumé du premier rapport et du deuxième rapport, un vrai plus avant d’attaquer ce troisième volet.

A retenir tout de même sur le 3e rapport :

  • Ce rapport est la synthèse d’environ 18 000 papiers scientifiques. Les 278 autrices et auteurs principaux ont répondu à 59 212 commentaires des gouvernements et d’experts (!!!!). Le résumé à l’intention des décideurs a été validé ligne par ligne par les gouvernements, après deux semaines de délibération sur chaque phrase.
  • Il existe 3 versions :
    • le résumé à l’intention des décideurs (SPM, 64 pages, 50% de plus que les autres résumés pour décideurs)
    • le résumé technique (TS, 145 pages)
    • le rapport complet (FR, 2913 pages).
      Conseil : lisez le résumé, plusieurs fois s’il le faut, lisez le résumé technique si possible également. Le rapport complet doit plus vous servir d’encyclopédie : vous souhaitez approfondir un point ? -> plongez dans le rapport complet. Libre à vous de le lire entièrement bien sûr…
  • Le GIEC a une liste de qualificatifs utilisés, fonction du niveau de confiance (indiqué en italique dans les rapports, même vocabulaire que le précédent rapport) :
  1. quasiment certain (probabilité de 99 à 100 %)
  2. très probable (90 à 100 %)
  3. probable (66 à 100 %)
  4. à peu près aussi probable qu’improbable (33 à 66 %)
  5. improbable (0 à 33 %)
  6. très improbable (0 à 10 %)
  7. exceptionnellement improbable (0 à 1 %).

Enfin, il faut se rendre compte des sacrifices que cela représente de s’engager dans la rédaction d’un rapport du GIEC. Les scientifiques travaillent bénévolement, prennent très souvent sur leur temps personnel, ont passé quelques soirées et nuits blanches pour que ce rapport puisse être le plus qualitatif possible et accessible à tout le monde, à travers notamment le SPM et le résumé technique.

Deux semaines de négociations extrêmement intenses, avec jusqu’à 400 délégués et auteurs du monde entier participant à des réunions, groupes de travail… avec la finalisation du résumé pour les décideurs qui a eu 48H de retard. Ce fut la plus longue séance plénière d’approbation du GIEC en 34 ans d’histoire. Ce n’est pas très surprenant : tout le monde s’accorde sur le changement climatique d’origine anthropique, en revanche, les solutions sont un peu plus discutées…

Les points clefs du nouveau rapport du GIEC

Avant de plonger en détail dans certains points, voici les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC (synthèse Résumé pour les décideurs + quelques éléments du Résumé Technique). Notez qu’une version des graphiques en Français sera disponible dans ce même article après mise à jour.

Développements récents et tendances actuelles

Emissions records pour la dernière décennie

  • B.1 : Les émissions anthropiques totales nettes de GES ont continué d’augmenter au cours de la période 2010-2019, tout comme les émissions nettes cumulées depuis 1850. Les émissions annuelles moyennes au cours de la période 2010-2019 ont été supérieures à celles de toutes les décennies précédentes, mais le taux de croissance entre 2010 et 2019 a été inférieur à celui enregistré entre 2000 et 2009.
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Figure SPM.1 : Émissions anthropiques mondiales nettes de GES (GtCO2-eq an-1) 1990-2019
  • B2 : Les émissions anthropiques nettes de GES ont augmenté depuis 2010 dans tous les grands secteurs au niveau mondial. Une part croissante des émissions peut être attribuée aux zones urbaines.
  • Les réductions des émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles et des processus industriels (…), ont été inférieures aux augmentations des émissions dues à la hausse des niveaux d’activité mondiaux dans les domaines suivants : l’industrie, l’approvisionnement en énergie, les transports, l’agriculture et les bâtiments. (confiance élevée)
  • B3 : Les contributions régionales aux émissions mondiales de GES continuent d’être très différentes. Les variations des émissions régionales, et nationales par habitant reflètent en partie les différents stades de développement, mais elles varient aussi considérablement à des niveaux de revenu similaires. Les 10 % de ménages ayant les émissions par habitant les plus élevées contribuent de manière disproportionnée aux émissions mondiales de GES des ménages.
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Figure SPM.2 : Émissions régionales de GES et part régionale des émissions totales cumulées de CO2
de 1850 à 2019
Les émissions ont augmenté dans la plupart des régions du monde mais de façon hétérogène, que ce soit aujourd’hui ou en cumulant les émissions depuis 1850

Politiques d’innovation

  • B4 : Les coûts unitaires de plusieurs technologies à faible taux d’émissions n’ont cessé de baisser depuis 2010. Des politiques adaptées et des politiques globales portant sur les systèmes d’innovation ont contribué à surmonter les effets distributifs, environnementaux et sociaux potentiellement associés à la mondialisation (confiance élevée)
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Figure SPM.3 : Réduction des coûts unitaires et utilisation de certaines technologies d’atténuation en évolution rapide
  • B5 : Depuis le dernier rapport, il y a une augmentation constante des politiques et lois d’atténuation. Cela a permis d’éviter des émissions qui auraient autrement eu lieu et d’augmenter les investissements dans les technologies et infrastructures bas carbone. Vous avez bien lu : cela aurait pu être pire…

Respecter l’Accord de Paris

  • B6 : Les émissions mondiales de GES en 2030 associées à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (NDC) annoncées avant la COP26 rendaient probable un réchauffement supérieur à +1.5°C au cours du 21e siècle et rend la tâche plus difficile de limiter à +2°C après 2030.
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Figure SPM.4 : Émissions mondiales de GES des trajectoires socio-économiques (a)
et résultats d’émissions projetés à partir d’évaluations de politiques à court terme pour 2030 (panneau b).
  • B7 : Les émissions cumulées de CO2 projetées pour la durée de vie des infrastructures d’énergies fossiles existantes et planifiées, sans réduction supplémentaire, dépassent les émissions cumulées nettes de CO2 dans les trajectoires qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (>50 %), sans dépassement ou avec un dépassement limité. C’est un point extrêmement important : sans fermeture anticipée d’une partie des exploitations de charbon, gaz et pétrole, nous dépasserons un réchauffement de +1.5°C.

Les transformations systémiques pour limiter le réchauffement climatique

Les prochaines années seront critiques pour améliorer les chances de succès

  • C1 : Les émissions mondiales de GES devraient atteindre un pic entre 2020 et au plus tard avant 2025 dans les scénarios modélisés à l’échelle mondiale qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (>50 %) sans dépassement ou avec un dépassement limité, et supposent une action immédiate dans ceux qui prévoient de limiter le réchauffement à +2°C (>67%). Plus de détails sont disponibles dans le SPM et le rapport complet
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Box SPM.1, Figure 1

Nous retrouvons dans les scénarios ci-dessus les 5 différentes trajectoires socio-économiques (socio-economic pathways, SSP) et les Illustrative Mitigation Pathways (IMP). Un article suivra sur Bon Pote pour comprendre leur fonctionnement. Si vous lisez l’anglais, vous pouvez déjà lire cet article.

Bonus : vous pouvez aussi plonger dans les scénarios du 3ème rapport avec ce lien qui donne accès aux bases de données.

Neutralité carbone dans l’industrie et les villes

  • C4 : La réduction des émissions de GES dans l’ensemble du secteur de l’énergie nécessite des transitions majeures, notamment une réduction substantielle de l’utilisation globale des énergies fossiles, le déploiement de sources d’énergie bas carbone. Utiliser les installations existantes sans baisse aura pour effet de rendre impossible le respect des engagements climatiques (confiance élevée).
  • C5 : La neutralité carbone du secteur industriel est un vrai défi mais est possible. La réduction des émissions nécessitera une action coordonnée tout au long des chaînes de valeur afin de promouvoir toutes les options d’atténuation, notamment la gestion de la demande, l’efficacité énergétique et matérielle, l’économie circulaire, et des changements structurels dans les processus de production.
  • C6 : Les zones urbaines peuvent réduire considérablement les émissions de GES grâce à la transition systémique des infrastructures et de la forme urbaine vers des voies de développement à faible taux d’émissions.

Réduire la demande : sobriété

  • C8 : Les options du côté de la demande et les technologies bas carbone peuvent réduire les émissions du secteur des transports dans les pays développés et limiter la croissance des émissions dans les pays en développement (confiance élevée).
  • Les véhicules électriques alimentés par de l’électricité à faibles émissions offrent le plus grand potentiel de décarbonation pour le transport terrestre, sur la base du cycle de vie (confiance élevée).
  • De nombreuses stratégies d’atténuation dans le secteur des transports auraient divers avantages connexes, notamment des améliorations de la qualité de l’air, des avantages pour la santé, un accès équitable aux services de transport, la réduction de la congestion et la réduction de la demande de matériaux (confiance élevée).

Emissions de gaz à effet de serre du secteur de l’agriculture, de la forêt et des autres utilisations des terres (AFOLU)

  • C9 : Lorsqu’elles sont mises en œuvre de manière durable, les options d’atténuation du secteur de l’agriculture, de la forêt et des autres utilisations des terres (AFOLU) peuvent permettre des réductions d’émissions de GES à grande échelle et des absorptions renforcées, mais ne peuvent pas compenser entièrement les actions retardées dans d’autres secteurs.
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Figure SPM.6 Potentiel indicatif des options d’atténuation de la demande à l’horizon 2050
  • Il existe de nombreuses opportunités spécifiques à chaque pays de fournir des co-bénéfices (tels que la conservation de la biodiversité, les services écosystémiques et les moyens de subsistance) et d’éviter les risques (par exemple, par l’adaptation au changement climatique). (confiance élevée)
  • C10 : L’atténuation du côté de la demande englobe les changements dans l’utilisation des infrastructures, l’adoption des technologies d’utilisation finale, et les changements socioculturels et comportementaux. Les mesures prises ou à venir au niveau de la demande peuvent réduire les émissions mondiales de GES dans les secteurs d’utilisation finale de 40 à 70 % d’ici à 2050 par rapport aux scénarios de référence (confiance élevée).

Emissions négatives et financement

  • C.11 : Le déploiement de l’élimination du dioxyde de carbone (CDR) pour contrebalancer les émissions résiduelles difficiles à éliminer est inévitable si l’on veut atteindre la neutralité carbone (CO2 ou tout GES). L’ampleur et le calendrier du déploiement dépendront des trajectoires de réduction des émissions brutes dans les différents secteurs.

Liens entre atténuation, adaptation et développement durable

Des avantages certains à réduire nos émissions

  • D1 : Une action climatique accélérée et équitable pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter est essentielle au développement durable. Les actions de lutte contre le changement climatique peuvent également donner lieu à des compromis. Ces compromis entre les différentes options pourraient être gérés par les décisions politiques. Les Objectifs de Développement Durable peuvent servir de base à l’évaluation de l’action :
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On observe que dans le cadre des ODD, il y a plus d’intérêt à agir qu’à poursuivre l’inaction.
Figure SPM.8 Synergies et compromis entre les options d’atténuation sectorielles et systémiques et les ODD
  • D3 : L’amélioration des mesures d’atténuation et les actions visant à réorienter les voies de développement (Shift Development Pathways) vers la durabilité auront des conséquences distributives dans et entre les pays. L’attention portée à l’équité et la participation large et significative de tous les acteurs concernés par la prise de décision à tous les niveaux peut renforcer la confiance sociale, et renforcer et élargir le soutien aux changements transformateurs.

Renforcer la réponse

  • E1 : Il existe des options d’atténuation qu’il est possible de déployer à grande échelle à court terme. La faisabilité varie selon les secteurs et les régions, ainsi qu’en fonction des capacités, de la rapidité et de l’ampleur de la mise en œuvre. Les obstacles à la faisabilité devraient être réduits ou supprimés, et les conditions favorables renforcées pour déployer les options d’atténuation à grande échelle.
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Figure TS.31 Les facteurs géophysiques, environnementaux-écologiques, technologiques, économiques,
socioculturels et institutionnels peuvent permettre ou faire obstacle au déploiement des options d’intervention.
  • E3 : La gouvernance climatique est plus efficace lorsqu’elle s’intègre à de multiples domaines d’action, qu’elle permet de réaliser des synergies et de minimiser les compromis, et relie les niveaux d’élaboration des politiques nationales et infranationales (confiance élevée).
  • E5 : Les flux financiers recensés sont inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs d’atténuation dans tous les secteurs et toutes les régions. C’est dans l’ensemble des pays en développement que le défi de combler les écarts est le plus important.
  • E6 : La coopération internationale est un outil essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux d’atténuation du changement climatique. La CCNUCC, le protocole de Kyoto et l’Accord de Paris soutiennent les niveaux croissants d’ambition nationale et encouragent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques climatiques, même si des lacunes subsistent.

Analyse détaillée sur certains points du nouveau rapport

Il faut toujours du temps pour digérer un tel rapport, qui méritera plusieurs articles dans les mois à venir tellement sa densité est impressionnante. On se rend très vite compte de la complexité des effets du changement climatique sur nos sociétés lorsque l’on plonge plus en détail dans le résumé technique, et dans le rapport lui-même. Même s’il est toujours difficile de faire une sélection, voici quelques éléments à retenir.

WARNING : Comment ne pas mal interpréter les scénarios d’émissions dans le rapport du GIEC

Il est primordial de comprendre que les scenarios présentés dans ce 3e volet du rapport du GIEC ne sont ni des prédictions, ni des prévisions pour l’avenir. Ce sont des chemins possibles, fonction d’hypothèses prises et mises dans un modèle qui a lui-même ses avantages et inconvénients.

Aussi, et c’est important de le rappeler, le GIEC ne recommande RIEN. Ni pro ENR, ni pro nucléaire, ni croissance verte, ni décroissance. Il fait la synthèse de la littérature scientifique sur le sujet. Si sur 10 scénarios 9 indiquent la fusion nucléaire opérationnelle en 2030 partout dans le monde et 1 scénario indique que non, cela ne veut pas dire qu’il y a 90% que cela arrive.

Joeri Rogelj, auteur principal du groupe 1 du GIEC, a résumé en 5 points les erreurs de lecture à éviter :

  • N’interprétez pas l’ensemble des scénarios comme un échantillon statistique ou en termes de vraisemblance/accord dans la littérature ;
  • Ne vous concentrez pas uniquement sur les médianes, mais considérez toute la gamme de l’ensemble de scénarios ;
  • Ne pas sélectionner des scénarios individuels pour tirer des conclusions générales (pas de cherry-picking donc !) ;
  • Ne pas surinterpréter les résultats des scénarios et ne pas s’aventurer trop loin de l’objectif initial de la recherche ;
  • Ne pas conclure que l’absence d’un scénario particulier signifie que ce scénario n’est pas possible.

Est-ce que la baisse de la demande (sobriété) est compatible avec une hausse du bien-être ?

Malgré les idées reçues, le GIEC apporte quelques précisions sur la question du bien-être et la sobriété. Ainsi, il est écrit dans la FAQ:

Il est de plus en plus évident que la simple valeur monétaire de la croissance des revenus est insuffisante pour mesurer le bien-être national et individuel. Par conséquent, toute action visant à atténuer le changement climatique est mieux évaluée par rapport à un ensemble d’indicateurs qui représentent une plus grande variété de besoins pour définir le bien-être individuel, la stabilité macroéconomique et la santé planétaire. De nombreuses solutions qui réduisent la demande de matières premières et d’énergie fossile, et donc réduisent les émissions de GES, fournissent de meilleurs services pour contribuer au bien-être pour tous”.

Non, il ne reste pas X années avant le drame

Le GIEC n’a jamais indiqué qu’il restait X années avant “la fin du monde”, “l’effondrement” ou autre superlatif pour caractériser le réchauffement climatique et ses conséquences. Le climat ne marche pas comme cela. Tout ne sera pas OK le 31 décembre 2029 à 23H59, et puis la minute d’après, le monde va s’écrouler.

La littérature scientifique donne quelques indices sur les dangers d’annoncer une deadline, avec entre autre une certaine rhétorique qui obligerait le GIEC à prendre la responsabilité d’une date précise. Que se passerait-il si une date était indiquée et qu’il ne se passait pas exactement ce qui avait été indiqué ? Toute la crédibilité du GIEC s’effondrerait.

De manière générale ce sont les ONG et activistes climat qui emploient cette formulation, en souhaitant bien faire et insister sur l’urgence. Mais il est déjà arrivé que la presse publie des unes avec des deadlines et comme “l’effondrement” de X ou Y n’est pas arrivé, les climatosceptiques se sont jetés sur l’occasion pour se moquer du mouvement climat.

La logique est et restera toujours la même : chaque jour compte, chaque jour d’inaction a des conséquences et réduit la marge de manœuvre pour respecter nos engagements climatiques.

Que signifie +3.2°C ?

Cela fait référence au point C.1 dans le Résumé pour les décideurs, qui indique que “sans un renforcement des contributions déterminées au niveau national au-delà de celles qui sont mises en œuvre d’ici la fin de 2020, les émissions de GES devraient augmenter au-delà de 2025, conduisant à un réchauffement planétaire médian de +3.2°C d’ici 2100” (confiance moyenne).

Dans la mesure où les travaux du GIEC n’ont pris que des travaux AVANT la COP26, on peut considérer que les engagements pris lors de la COP26 viennent réduire cette hausse de température. Après la COP26, suivant les nouvelles promesses , nous serions selon Climate Action Tracker 

  • vers une trajectoire à +2.4°C (fourchette +1.9°C à +3.0°C) si les engagements de 2030 sont respectés;
  • vers une trajectoire à 1.8°C (1.5C à 2.6°C) si les engagements de neutralité carbone long terme sont respectés.
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Rappel pas forcément inutile : les promesses n’engagent que les personnes qui les croient.

Et le nucléaire ?

Le nucléaire a tendance à accaparer 90% des débats sur l’énergie en France, alors qu’il est loin d’être majoritaire dans notre mix énergétique (les énergies fossiles dominent très largement).

Dans le résumé pour les décideurs, le mot “nucléaire” (nuclear) n’apparait que deux fois, dont une fois pour signifier qu’il y a un coût d’investissement important pour en bénéficier (point C.3.6).
Dans le résumé technique, il apparait 8 fois, et notamment dans la table TS.2, qui est une comparaison des principales caractéristiques des scénarios d’atténuation prévoyant une action immédiate pour limiter le réchauffement à +1.5°C / +2°C par rapport aux scénarios actuels suivant les NDCs jusqu’en 2030 :

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TS.2, Résumé Technique, Groupe de travail 3

Il faudra probablement réaliser pour le nucléaire un travail similaire à celui fait dans le Rapport Spécial 1.5, mais pour le cas spécifique de la France, le travail réalisé par RTE est probablement préférable.

Le mot de la fin

Ce nouveau rapport du groupe de travail 3 du GIEC confirme que nous avons les solutions, qu’elles sont accessibles et qu’il ne manque que la volonté politique pour qu’elles soient mises en œuvre.

A nouveau, c’est la première fois dans l’histoire qu’un rapport scientifique a et aura autant d’importance, tant sur le plan scientifique, politique, géopolitique et économique. Ses conclusions seront entre autres déterminantes pour les négociations à venir de la COP27.

Vraiment, lisez au moins le résumé à l’intention des décideurs. Des termes très forts ont été évoqués, comme la fermeture prématurée de certaines infrastructures d’énergies fossiles. Il faut que tout le monde s’empare de ce rapport et ne laisse plus aucun politique ou dirigeant d’entreprise continuer le business as usual : nous n’avons plus le temps.

BONUS : INFOGRAPHIES A TELECHARGER ICI

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